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L'association Fight for Dignity se bat pour que le sport ait toute sa place dans le parcours de reconstruction des victimes

Se battre pour sa dignité. Retrouver de la force et sa dignité grâce à une pratique sportive. Voici ce que propose l’association Fight For Dignity, créée par la triple championne du monde de karaté et femme engagée, Laurence Fischer.

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À la Maison des femmes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), une vingtaine de femmes participent à des cours de karaté, toutes les semaines. Une pratique proposée par l’association Fight for dignity, qui a mis au point une méthode consistant à "mettre le corps au centre du processus de résilience".

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À propos de Fight for Dignity...

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L’association Fight for Dignity est née de la rencontre entre Laurence Fischer et le Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. Au Congo, il a créé une maison d’accueil pour les femmes victimes de violence. "Les femmes sont malheureusement utilisées comme des armes de guerre dans ce pays et sont victimes de viol", déplore Sabine Salmon, directrice générale de Fight For Dignity. Là-bas, la Maison Dorcas leur propose une prise en charge globale, un accompagnement holistique avec un suivi psychologique, mais aussi différents ateliers pour se reconstruire et une aide à la réinsertion professionnelle. 


Touchée par les femmes de cette maison, Laurence Fischer a voulu apporter sa contribution. Elle a alors mis au point une pratique sportive adaptée à ces personnes vulnérables et traumatisées, en 2014 : le karaté façon Fight for Dignity et la méthode a fait ses preuves.

 

Forte de cette expérience et de son expertise, Laurence Fischer a décidé de créer une association pour développer plus largement sa méthode, Fight for Dignity, en 2017.


Aujourd’hui, l’association se bat pour que d’autres structures telle que la Maison des femmes de Saint-Denis voient le jour un peu partout en France et qu’une prise en charge holistique soit mise en place dans tous les hôpitaux. Laurence Fischer continue de venir en aide aux femmes du Congo, de France, mais aussi d’Afghanistan, en s'appuyant sur la pratique du karaté.

La technique Fight for Dignity

 

Dans cet oasis de paix qu'est la Maison des femmes, où les femmes victimes de violences sont prises en charge d’un point de vue médical, psychique, social et juridique, les séances de karaté commencent par un travail de respiration. Certaines zones sensibles, à commencer par celle du périnée, sont alors mobilisées. 

 

Puis, pendant quarante minutes, les pratiquantes apprennent différentes techniques de karaté. "On a vraiment engagé un travail avec des psychologues pour adapter notre verbatim et éviter certains mots ayant trait à la violence", explique Sabine Salmon, directrice générale de l'association. Avant un nouvel exercice, les enseignantes demandent à chaque participante si elle a envie de le faire et leur proposent des alternatives. "Un mot ou un geste peut faire ressurgir des émotions ou provoquer des flashbacks, il y a donc tout un travail d’écoute et d’adaptation", poursuit Sabine Salmon.

 

La séance se termine par un temps de relaxation et de lâcher prise avec des exercices de yoga et de sophrologie.

 

Bien sûr, toutes les enseignantes sont formées à la méthode, ainsi qu’à la prise en charge des violences et des traumatismes. "On ne sait pas ce qui leur est arrivé et on ne veut pas le savoir, on leur donne simplement des clés pour aller mieux. Mais ce sont des femmes qui ont subi des violences, alors il y a parfois des larmes et il faut réussir à les déchiffrer", confie Sabine Salmon.

 

"Le sport aide à retrouver une dignité perdue"

 

"Quand on a vécu de telles violences, notre corps et notre esprit sont en totale dissociation, le lien entre les deux est brisé", explique la directrice de Fight for Dignity. L’idée est donc de recréer une connexion entre son corps et son esprit, de les reconnecter, grâce au sport. Mais aussi, de "permettre aux femmes de retrouver l’estime d’elles-mêmes et de se réapproprier leur corps", insiste Laurence Fischer, triple championne du monde de karaté et fondatrice de l’association. Elle en est persuadée : "Le sport aide à retrouver une dignité perdue".

 

Pour le démontrer, une étude scientifique a été lancée avec l’université de Strasbourg où des scientifiques et des sociologues étudient l’impact du sport dans le parcours de reconstruction des femmes victimes de violence. "C’est la première étude du genre", se réjouit la directrice de l’association. Si les résultats de ces études ne sont pas encore connus, les retours des pratiquantes sont très bons. "Chaque semaine, il y a entre 20 et 25 femmes qui viennent à nos ateliers et elles reviennent régulièrement, c’est bien le signe que cela leur apporte quelque chose, insiste Sabine Salmon. On observe une baisse de l’anxiété chez ces personnes, ainsi qu’un regain de confiance en elle. Ces femmes se sentent bien, arrivent à redresser la tête et à regarder devant elles. Elles retrouvent vraiment leur dignité en suivant ce programme."

 

Et les autres sports ?

 

Aujourd’hui, Fight for Dignity souhaiterait adapter sa méthode à d'autres sports. L’association a d’ailleurs mis en place des cours de football à la Maison des femmes de Saint-Denis, où des ateliers de danse sont également proposés. Par ailleurs, des "ateliers thérapeutiques de réparation" sont également organisés par l'association Stop aux violences sexuelles et la Fédération française d’escrime. Tous ces exemples montrent bien que le sport a toute sa place dans le parcours de reconstruction des femmes victimes de violences, notamment sexuelle.

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Source : Interview de Sabine Salmon, directrice générale de Fight for Dignity, novembre 2020. 

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Aller plus loin : 

Le conseil de Sabine Salmon aux victimes de violences sexuelles

 

"Le plus important est d’arriver à mettre des mots sur ce qu'il vous arrive. Il existe tout un réseau de personnes compétentes qui ne remettront pas en doute votre parole et qui vous aideront à comprendre votre ressenti pour pouvoir avancer dans votre chemin de reconstruction."

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