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Comment se réapproprier son corps après un viol
ou une agression sexuelle ? 

Après un viol ou une agression sexuelle, la relation que les victimes ont avec leur corps et leur sexualité est modifiée, en particulier chez les femmes. Elles ont en effet tendance à dévaloriser ce corps qui a été blessé. Un rapport destructeur qui peut néanmoins être dépassé grâce à différentes méthodes. 

pratique Karaté

Subir un viol ou une agression sexuelle est une expérience traumatique pour le corps. Elle peut donc laisser des séquelles tant sur le plan physique que psychique. Elle induit notamment une relation conflictuelle avec son corps, qui nécessite d'être dépassée pour aller de l'avant. 

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Un rapport conflictuel aux multiples conséquences 

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Une des premières conséquences de cette relation conflictuelle est la tendance à "ne plus bouger ce corps". "Après un viol, les victimes sont nombreuses à voir leur corps comme un danger car il peut être désiré, blessé et même violenté. Alors, elles peuvent vouloir rendre leur corps le plus inapprochable possible et ainsi, certaines victimes deviennent obèses ou arrêtent de se laver de manière à repousser le désir de l’autre, mais aussi son propre désir", explique Pascal Anger, psychothérapeute familial et de couple et médiateur familial à Paris. 

 

Au quotidien, ce mal-être peut également se traduire dans le choix de sa garde-robe, comme le précise le psychothérapeute : "Certaines femmes vont avoir tendance à camoufler leurs seins et jambes, ainsi que toutes les parties qui peuvent être désirée ou désirable. D’autres, à l’inverse, vont être dans l’ouverture extrême et s’offrir aux autres parce qu’elles pensent que leur corps n’a plus de valeur"

 

Cette nouvelle relation avec son corps peut également donner lieu à des maladies psychosomatiques, très souvent d’ordre gynécologique, comme des mycoses à répétition. "Des maladies qui guérissent une fois que l’on comprend l’origine de la pathologie et que l’on entame un travail dessus", explique le Dr Pascal Anger. "Pendant longtemps, j’ai eu des pertes de sang régulières sans explication. En cherchant à quel moment ça avait commencé, j’ai compris que cela remontait à ma première fois. J’en avais pas envie et j’ai pleuré pendant tout l’acte parce que j’avais mal. J’ai alors compris que j’avais subi quelque chose de grave, que j’avais été forcée par mon petit ami. Les saignements se sont ensuite arrêtés et ne sont jamais revenus", explique ainsi une victime.  

 

L’importance de se faire aider 

 

Ce rapport conflictuel avec son corps créé un véritable malaise et un mal-être chez la victime. Pourtant, on sait que l’harmonie entre le corps et l’esprit est essentiel. Un travail avec un psychothérapeute est donc recommandé. "La thérapie va être un lieu de ressource et permettre à la personne de se réapproprier sa vie en libérant son corps et son esprit des émotions enfouies", explique le psychothérapeute. 

 

En étant accompagnée dans sa parole, la victime va en effet pouvoir faire ressurgir ce qui s’est passé et ainsi pouvoir poser des mots sur ses peurs et ses maux. "Une thérapie peut également être l’occasion de faire le point sur ses ressources, souvent nombreuses mais sous-estimées par manque de confiance en soi", précise Pascal Anger. 

 

Le sport comme outils de libération

 

En parallèle de cet accompagnement psychologique, "une des premières choses à faire est de remettre ce corps blessé en mouvement à travers des activités telles que le dessin, l’art-thérapie, le sport ou encore la musique pour se réapproprier son corps comme autre chose qu’un objet de désir et pour être fier de son corps autrement que pour ses attributs sexuels", conseille Pascal Anger. Dans le film Les Chatouilles de Andréa Bescond et Éric Métayer, on voit par exemple que c’est la danse et la rencontre avec le mouvement qui a sauvé Odette de ses démons. 

 

L’association Stop aux Violences Sexuelles propose des ateliers thérapeutiques d’escrime ou d’équitation pour les femmes et les hommes ayant été abusés sexuellement. "L’escrime permet de libérer son énergie meurtrière", précise Violaine Guérin, endocrinologue et gynécologue et présidente de l’association. 

 

Laurence Fischer, triple championne du monde de karaté et fondatrice de l’association Fight For Dignity qui aide les femmes victimes de violence à se reconstruire, donne également des cours de karaté aux victimes de violences sexuelles à La Maison des femmes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). "Le sport place le corps au centre du processus de résilience. Associée à la recherche théorique (médicale et psychologique) et pratique (sur le terrain), il permet aux femmes victimes de violences de se reconstruire et de retrouver confiance en elles", explique l’association sur son site Internet. 

 

Se tourner vers le développement personnel

 

Pour Nathalie Lefèvre, spécialiste de l’amour de soi et coach, "Toutes les femmes devraient faire ce chemin vers l’acceptation de soi et la réappropriation de son corps comme une part de soi et non plus comme un simple objet de désir. Mais, cela est encore plus important de le faire après un agression."

 

Pour cela, elle préconise tout d’abord de "prendre soin de soi plus que jamais. Il faut apporter de la douceur et de l’amour à ce corps blessé pour se réapproprier son enveloppe charnel", explique-t-elle. Elle conseille par exemple de se masser, mais aussi de se réapproprier sa propre sexualité avant de consommer avec un nouveau partenaire. 

 

Nathalie Lefèvre prône également le pardon."Le fait de pardonner est vraiment important dans la vie. Si l’on ne pardonne pas, on reste dans la rancoeur, dans la colère et on ne peut pas passer à autre chose, faire le deuil de ce qui nous est arrivé et aller de l’avant. Il faut réussir à comprendre que ceux qui nous ont fait du mal n’était pas des gens animer par le bonheur et l’amour, mais des personnes elles-mêmes abîmées. Mais surtout, il faut le faire pour soi, pas pour son agresseur. Il faut se dire : ‘Je m’offre l’opportunité de passer à autre chose dans la vie et d’intégrer cette expérience même si elle a été traumatisante et m’a empêché de vivre des années, pour ne pas être réduite à cette expérience, pour pas me définir que par ce que j’ai vécu à ce moment là’". Pour guider les victimes sur cette voie, elle conseille la lecture de Le don du pardon de Olivier Clerc

 

Une méthode chamanique à tester

 

Natacha Calestrémé, journaliste et auteur de La clé de votre énergie, propose également un protocole énergétique pour "recouvrer son âme après un choc". "Quand on a été violé ou agressé, on a parfois la sensation que notre agresseur nous a pris une part de nous-même, une part d’âme et cela nous empêche d’être nous-même. Ce protocole va permettre de récupérer cette part de soi et de se sentir de nouveau complète", explique Nathalie Lefèvre. Une méthode à découvrir dans cette interview.

 

Faire la paix avec son corps et retrouver une relation harmonieuse avec son enveloppe charnelle est un premier pas sur le chemin de la guérison. Il permet ​de reprendre confiance en soi et d'arrêter de se battre contre ses vieux démons pour trouver une sérénité propice à la renaissance. 

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Sources : 
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