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"Être blessé profondément n’est pas une fatalité. Il est possible de retrouver la sérénité", interview de Natacha Calestrémé

Comment se reconstruire après des violences physiques ou morales ? La journaliste Natacha Calestrémé a partagé dans ses deux derniers livres des techniques pour se relever de ces épreuves. Dans son roman Les blessures du silence, elle évoque les mécanismes de la violence perverse et de l’emprise, en expliquant notamment pourquoi on n’arrive pas à quitter notre bourreau et les méthodes pour s’en extraire. Dans La clé de votre énergie : 22 protocoles pour vous libérer émotionnellement, elle démontre que ces épreuves sont des répliques de traumatismes de notre famille et donne le moyen de se libérer de ces fardeaux émotionnels qui ne nous appartiennent pas.

Méditation au bord de l'eau

Quel est le point de départ de votre réflexion sur la reconstruction des victimes ?

 

"Une de mes meilleures amies est morte d’épuisement suite au harcèlement de son mari. Son corps a lâché. Cette violence, qui n’était ni sexuelle, ni physique est néanmoins une violence psychologique, morale. Elle est très sournoise car on ne peut pas la prouver. C’est parole contre parole. Et pour la victime, c’est la double peine : on subit des violences au quotidien et le plus souvent, notre témoignage est mis en défaut. Le pire est pour celles qui vivent des violences physiques et mentales.

 

En tant que journaliste, mon objectif est de comprendre les choses, de les analyser et de les révéler au grand jour. À la suite de ce drame, je me suis demandé pourquoi je n’avais rien compris ? Pourquoi je n’avais rien vu ? Et pourquoi je ne me suis pas rendu compte que c’était si grave ? Pendant deux ans, j’ai mené une enquête sur cette violence qui se pratique à l’abris des regards.

 

Qu’avez-vous découvert ?

 

J’ai lu des livres de psychiatrie, de psychologie et j’ai rencontré quantité de victimes. Et pourtant il restait des zones d’ombres, trois questions auxquelles je n’arrivais pas à répondre : Pourquoi les victimes de violence restent auprès de leur bourreau ? Pourquoi celles qui sont parties, souvent, reviennent ? Et pourquoi les personnes qui ont connu cette violence retombent parfois sur d’autres personnes violentes ?

 

J’ai eu de la chance. J’étais en train de lire pour la troisième fois un des ouvrages de Marie-France Hirigoyen, une psychiatre pionnière des travaux sur les violences, la maltraitance, la perversion et les mécanismes de la manipulation… tandis que j’interviewais des énergéticiens. J’ai découvert que le corps médical et les médecines parallèles disaient la même chose, mais avec des mots différents. Et tout s’est éclairé.

 

Lorsque l’on vit une situation de souffrance, un viol, des attouchements, une agression, mais également lors d’événements qui semblent plus anodins : un accident de voiture, un deuil ou des humiliations par nos parents, notre corps nous protège de la douleur en nous faisant vivre trois étapes.

 

Un état de sidération : nous sommes incapables de réagir, comme pétrifiés. Vient ensuite la dissociation : nous avons l’impression d’être en dehors de nous-même, incapable de réagir car ce que l’on est en train de vivre est inimaginable. Puis arrive l’état de fuite mentale. Nous sommes alors incapables de penser normalement. Cet état explique notamment les phénomènes de déni et les pertes de mémoire qui s’éclairent parfois des années plus tard. J’ai découvert que lorsque les psychiatres évoquent une fuite mentale, les énergéticiens parlent d’une perte d’âme.

 

Une perte d’âme, c’est-à-dire ?

 

Je me suis posé la même question. Finalement l’âme c’est quoi ? Le siège de notre conscience, de notre estime de soi, de notre confiance en soi, de notre manière de penser et le support de notre énergie. Or, cet événement traumatique vient de nous priver de tout cela : la confiance en soi a disparu, l’estime de soi aussi, nous sommes épuisés, comme vidés de notre énergie et incapables de prendre une décision. Pour les énergéticiens, notre âme se trouve au centre de notre plexus, entre les deux seins. Et cette fuite mentale, cette perte d’âme, fait que nous perdons une partie de nous-même, une partie de notre énergie.

 

Le plus troublant est que dans le cas de violences répétées (physiques, sexuelles ou morales), le bourreau se nourrit de notre perte d’énergie. Et là encore le parallèle énergéticiens / corps médical, fonctionne : les psychiatres appellent ce phénomène une vampirisation inconsciente. Le bourreau se sent mieux une fois que l’on est à terre, effondré, à sa merci.

 

Et cette vampirisation expliquerait l’incapacité des victimes à quitter leur bourreau ?

 

Tout à fait. Si je perds mon énergie suite au choc et qu’elle va dans le corps de l’autre, (puisqu’il s’en nourrit), je n’arrive pas partir parce que mon bourreau détient une partie de mon énergie. On ne peut pas s’abandonner soi-même ! Certaines personnes me disent qu’elles pensent à leur violeur ou à leur ex-mari violent tous les jours même après l’avoir quitté depuis dix ans… Elles se demandent si cela signifie qu’elles sont encore amoureuses ? Absolument pas. Elles sont encore en contact avec la part de leur énergie qui est toujours dans le corps de l’autre.

 

Cela explique aussi pourquoi certaines femmes reviennent après avoir fait le plus dur : quitter l’autre. Il leur manque une partie d’elles-mêmes et inconsciemment, elles viennent le rechercher.

 

Il en est de même lorsqu’on a eu une famille violente. Les parents ont vécu un événement traumatique et ils se nourrissent ensuite de l’énergie de leur enfant en leur faisant vivre des humiliations ou des violences répétées. Et si l’on retombe sur d’autres personnes violentes, c’est parce que la perte d’énergie créé un vide en nous et que ce vide nous rend perceptible, repérable par les manipulateurs, les pervers, les désaxés. Les personnes qui ont connu des violences se disent souvent « le sort s’acharne contre moi » parce qu’elles en rencontrent d’autres. Ce n’est pas de la malchance, cela s’explique énergétiquement. Heureusement, cette énergie, on peut la récupérer.

 

Que proposez-vous dans vos livres pour s’engager sur ce chemin de la reconstruction ?

 

J’explique comment réaliser des « recouvrements d’âme » de manière autonome, une méthode chamanique qui m’a été confiée par une guérisseuse et que j’ai adapté pour qu’ils fonctionnent pour tous les chocs émotionnels.

 

Le premier, le recouvrement d’âme après une épreuve consiste à récupérer l’énergie qui est en dehors de nous afin de la replacer en nous. Le second consiste à récupérer l’énergie que notre bourreau nous a volée et à faire en sorte qu’il reçoive en échange l’énergie qu’un autre lui a volé. En effet, le bourreau souffre généralement lui aussi d’un traumatisme qui a créé ce vide en lui. Certaines victimes ont du mal avec ce principe. Elles n’ont pas envie d’aider leur bourreau à rétablir leur énergie. Mais c’est le seul moyen de récupérer ce qui est à nous. Une sorte de troc. L’important est de réaliser qu’on ne le fait pas pour l’autre, on agit pour soi-même. Ces deux protocoles sont dans le livre Les blessures du silence. J’ai choisi la forme du roman pour que les victimes puissent ramener le livre chez elles sans crainte.

 

Dans les témoignages que vous recevez, beaucoup disent que vos protocoles énergétiques n’ont pas seulement aidé les victimes, mais toute leur famille. Comment expliquez-vous cela ?

 

Dans des études d’épigénétique, on s’est aperçu que l’ADN portait des marques de la violence vécue par un ou plusieurs membres de notre famille et que celle-ci se reproduit. De la même manière que l’on va hériter d’yeux bleus et de cheveux bouclés, on peut hériter d’épreuves non-résolues de nos parents, de nos grands-parents, de nos oncles et tantes… Alors, en réparant notre âme, on répare toute la lignée, c’est-à-dire que l’on répare les femmes avant nous et les enfants après nous. Dans le manuel La clé de votre énergie, ces recouvrements d’âme sont présents avec d’autres protocoles qui permettent de cesser le cycle des épreuves héritées de nos parents.

 

Doit-on se faire accompagner pour réaliser ces protocoles ?

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On peut mais ce n’est pas nécessaire car ils sont d’une grande simplicité. L’objectif justement, est de rendre aux victimes leur autonomie et qu’elles reprennent leur plein pouvoir. Le plus important, c’est qu’il faut lire le livre dans son intégralité, sinon on risque de passer à côté du cheminement. Si on lit simplement les protocoles, notre mental va nous souffler à l’oreille : « C’est trop simple pour que ça marche avec moi ». Si au contraire on se laisse guider pas à pas, la démonstration finit par nous convaincre. Les différents témoignages de médecins et thérapeutes nous rassurent également. Et quand on arrive à la fin, on est prêt à réaliser les protocoles.

 

Au final, pouvons-nous vraiment guérir des blessures d’un viol selon vous ?

 

Je reçois des preuves que ça fonctionne tous les jours. J’ai quantité de témoignages de victimes qui ont réussi à se reconstruire, à ne plus avoir peur, à retrouver le sommeil et leur énergie. Être blessé n’est pas une fatalité. Il est possible de retrouver notre pouvoir. En retrouvant notre énergie, on prend conscience des cycles qui se rejouent, on s’en libère et on se reconstruit durablement vers la sérénité."

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Source : Interview de Natacha Calestrémé 

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